Recherche avancée

Le pavillon décroissance

Publié le 13 novembre 2006, mise à jour le 4 janvier 2009
par Pierre Besse
Texte de Pierre Besse à propos de l’article paru dans La Décroissance, N° 33, Septembre-Octobre 2006, pp 14 - 15, « Le pavillon écologique est une escroquerie intellectuelle ».

Quand on veut déprécier la maison familiale, on l’appelle « pavillon », avec une nuance péjorative. La résidence secondaire (et même tertiaire, etc...) est admise, or le plus souvent c’est un bâtiment isolé. Le manoir et même le château, habités ou non, ne posent pas problème. Et voilà le pauvre « pavillon », surtout s’il a le malheur d’être situé dans un lotissement, voué aux gémonies ! Dans le temps, on disait « villa ». Ces néologismes ont été rendus nécessaires par l’apparition de ces maisons d’habitation déconnectées de l’économie locale et, pour cette raison, étrangères à l’ordre traditionnel du bâti rural et urbain. Le terme de « maison individuelle » est moins connoté, et celui de « maison familiale » conviendrait mieux. Ce n’est pas une conception nouvelle et vicieuse de l’« urbanisme » ou du mode de vie qui a provoqué l’apparition de cette nouvelle manière de bâtir, c’est le fruit de l’industrialisation de l’économie, et de la disparition subséquente des liens économiques et sociaux locaux.

Il est symptomatique que toute construction neuve soit aujourd’hui considérée comme un acte d’« urbanisme », comme si l’on ne pouvait bâtir autre chose que de la ville. Le moindre permis de construire un hangar au fin fond de la campagne relève de ce concept étrange d’« urbanisme ». Pourquoi ne pas parler de « ruralisme » et, plutôt que de craindre d’« urbaniser » la campagne, pourquoi ne pas se proposer de « ruraliser » la ville ?

Habiter, c’est évidemment bien autre chose qu’avoir un toit, depuis toujours. Les formes vernaculaires des habitations et leur répartition dans l’espace sont aussi variées qu’il est possible. L’histoire nous montre qu’elles survivent à des conditions économiques changeantes, et surtout qu’elles sont le fruit de traditions d’organisation sociale qui fondent l’identité des peuples. Sur le territoire français par exemple, en simplifiant au maximum, on observe depuis l’antiquité et jusqu’au début du XXe siècle un partage du pays entre bocage à l’ouest et au sud-ouest, openfield au nord-est, et des formes plus mélangées dans une aire méditerranéenne au sens large. Ce ne sont pas là que des paysages, ce sont des façons radicalement différentes de concevoir l’habitat, le travail agricole, le mode de vie. Le point commun est sans doute dans la notion de communauté correspondant plus ou moins au village, et aussi dans la dépendance totale de toute l’économie ou presque envers les ressources locales. Mais on ne fait pas plus différent que l’openfield et le bocage : habitat 100% groupé, maison contre maison, dans les pays d’openfield, avec une gestion collective du terroir par toute la communauté villageoise ; habitat à 80% isolé dans les pays de bocage, avec un terroir partagé et exploité par une multitude de cellules familiales autonomes.

C’est là un schéma grossier, la réalité étant infiniment plus nuancée, mais ces formes d’habitat et d’« urbanisme » méritaient toutes amplement le qualificatif d’« écologique », et elles se sont montré extrêmement durables, puisqu’elles datent de l’antiquité la plus reculée, qu’elles ont survécu à toutes les vicissitudes possibles, et que seule l’industrialisation a eu raison d’elles.

...

Télécharger le texte complet ci-dessous

PDF - 45.8 ko
Pavillon décroissance
cliquez sur l’image

calle
calle
calle