Suite à l’article paru dans La Maison écologique n°38 d’avril-mai 2007 sur la maison de Nicole et Pierre Besse, ce dernier a reçu de nombreuses questions sur ses dalle en terre. Voici certaines de ces questions et les réponses que Pierre y a apportées.
Si d’aucun-e-s souhaitent alimenter le débat, écrire à ARESO qui publiera dans la Gazette et rajoutera à cet article les éléments nouveaux.
Les éléments les plus récents sont en haut de l’article afin de ne pas décourager les lecteurs les plus anciens.
Voir aussi les témoignages
1- d’auto-constructeurs :
* Geneviève Destouet : Fiche Elément d’Ouvrage n°16 .
* Christian Baur : Fiche Elément d’Ouvrage n°34 .
* Alain Tournebize : Fiche Elément d’Ouvrage n°35 .
* Sabine Chouffour : Fiche Elément d’Ouvrage n°48
2- d’entreprise :
* de la SCOP Inventerre : Fiche Elément d’Ouvrage n°41 .
Échange du 4 mai 2007 :
Bonjour, je suis l’heureux propriétaire d’une belle bâtisse dans la foret d’Orléans que je viens d’aquérir, dans laquelle une grosse rénovation s’impose, et dans la mesure du possible le plus écologiquement, ainsi qu’en recyclant matériaux, objets, juste pour le plaisir de faire avec ce qui vient à moi. À ce titre, j’ai été complètement séduit, entre autres choses, par ce sol en terre battue dans ce qui a l’air d’être une chambre. Aussi,je copierai bien, et aimerais par conséquent, que vous m’expliquiez le processus de fabrication, ainsi que le type de terre à employer, même si je devine qu’elle doit être argileuse. Si vous avez quelques autres tuyaux, ou liens, contacts, merci d’avance.
Bonjour, La terre de notre terrain est peu argileuse justement, c’est ce qui permet de l’utiliser telle quelle en terre battue, sinon il faut rajouterr du sable ou d’autres adjuvant, car l’argile se fissure beaucoup en séchant et laisse quantité de fentes de retrait.
Notre terre est connue des paysans et des agronomes sous le nom de boulbène, qui désigne dans le sud-ouest des limons battants. La composition de ces terres, c’est beaucoup de limons et de sables fins, et un peu (moins de 15 %) d’argile. Dans la pièce qu’on voit en photo dans l’article de La Maison Ecologique, la chappe fait 8 cm d’épaisseur, elle est constituée de cette terre parfaitement pure, passée à la bétonnière et tirée comme une chappe ordinaire en béton. En séchant, elle a laissé des fentes de retrait très larges (3 cm) mais très distantes, qui délimitent des blocs de 30 cm de diamètre environ, qui sont très cohérents et très durs. Une terre argileuse n’aurait pas donné du tout le même résultat.
Bon chantier, cordialement, Pierre Besse
Échange du 26 avril 2007 :
Bonjour Pierre,
Je lis ton intervention dans la dernière Gazette Areso. Pour info, voici mon essai de sol en terre damée, à sec.
Pourrais-tu me dire ce que tu en penses ; si ça te semble intéressant ? Merci. Christian
voir la fiche élément d’ouvrage de Christian (FEO n°34)
Bonjour Christian.
Bravo pour ce travail, et pour le compte rendu.
La technique de pose de cette chape damée est pleine de promesses. J’y vois beaucoup d’avantages par rapport à la mise en oeuvre très humide après passage au malaxeur ou à la bétonnière : ça sèche certainement beaucoup plus vite, le retrait est minime ou inexistant. Il est possible et même vraisemblable que ça soit plus rapide à faire qu’une chape coulée de même épaisseur.
Par contre je trouve dommage d’avoir coulé de la chaux dessus. Je pense qu’il était possible de poser la terre cuite directement sur la terre crue damée. C’est à peu près ce que j’ai fait chez moi (pose de carrelage en grès cérame ou en terre cuite sur les chapes en terre coulée, avec une colle maison : moitié terre fine, moitié chaux hydraulique). Il est aussi possible de finir une dalle comme la tienne avec de la terre crue, selon plusieurs techniques. Je trouve le fait de finir le sol en terre crue très intéressant, parce que la terre crue reste apparente et interpelle beaucoup les visiteurs. En plus c’est parfaitement résistant, agréable sous le pied quand on est pieds nus, et agréable à l’oeil.
Par rapport au drainage et à l’humidité dans le logement, je fais le même constat que toi : pas d’humidité au sol, même si on laisse un objet en place longtemps. Chez nous, le sol fini est porté par des chapes en béton de terre (terre-sable-gravier) reposant sur une chape fine (5cm) sable-chaux aérienne, chape "de chantier" destinée à faciliter le travail de construction de l’ossature, puisqu’elle a été faite avant. Cette chape "de chantier" repose sur le hérisson. Le hérisson est très épais (50 cm) mais il n’est ni ventilé, ni drainé. Le soubassement a été inondé trois fois en 7 ans, sur la moitié de sa hauteur totale (qui est de 80 cm), et on peut supposer qu’à chaque fois le hérisson s’est rempli d’eau aux trois-quarts. Pourtant on n’a noté aucune augmentation de l’humidité dans le logement. La chape sable-chaux a été coulée directement sue le hérisson (galet 20/40 roulé), même assez liquide, elle ne pénêtre pas dans les galets. Il n’y a aucune sorte de membrane entre le sol en place et le sol intérieur fini. D’ailleurs le hérisson est posé directement sur le sol naturel, sans décaissement aucun, il a été damé à la main, et depuis 1998, il n’a pas bougé du tout.
Je partage ton idée d’isoler le soubassement mais pas la dalle de sol. C’est comme ça que j’ai fait chez moi, ça ne rend pas le logement plus difficile à chauffer (au moins dans nos climats), et ça contribue sûrement au confort d’été.
Merci et à+,
Pierre
Deux des premières questions :
Bonjour !
Je commence l’auto-construction de ma maison écologique, et j’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article qui vous est consacré dans La Maison Ecologique.
J’ai envie de réaliser une chape en terre à l’étage, sur le solivage et panneaux de sol, pour apporter de l’inertie. Pouvez-vous m’expliquer précisément comment vous avez réalisé la vôtre ? (type de terre, épaisseur, humide ou sèche, temps de séchage, comment mettre l’huile....). En êtes-vous satisfait avec le temps ? La photo que l’on voit est-elle la chambre de l’étage ou du rez-de-chaussée ? Ce qui ressemble à de l’opus est-il en pierre ou est-ce la terre qui s’est rétractée au séchage ?
Merci, et bravo pour votre démarche !
Bonjour, famille Besse,
J’ai lu avec un très grand plaisir l’article concernant votre maison. Cette conception et réflexion humaniste fait toujours chaud à mon coeur, car il est bon de se sentir à plusieurs.
Pour ma part je vais démarrer une maison d’ici 15 jours, en bois massif essentiellement, mais avec des cloisons intérieures en terre et d’autres idées que vont venir au fur et à mesure...
Je viens de prendre la décision de faire la dalle en béton de terre, et n’ayant aucune expérience je viens vous demander des précisions si c’est possible pour vous de m’en donner.
A savoir je me demande qu’elle épaisseur faut-t-il ?
Qu’est ce qu’il peut y avoir comme finition, et la terre battue dans tout ça ?
Comment faut-il préparer le sol avant ?
Les mélanges, et la réalisation de ces mélanges ?
Bref, c’est une parties des questions que je me pose.
J’aimerais passer vous voir, mais c’est un peu loin pour moi et le temps m’est compté.
J’habite le Diois dans la Drôme, et je me tourne petit à petit vers le désir d’aide à l’autoconstruction en écoconstruction, et de créer un lien d’échanges et de conseils entre les particuliers et les acteurs professionnels...
J’imagine que vous devez être pas mal sollicité, mais j’espère que vous aurez un peu de temps à m’accorder et je vous en remercie par avance.
Réponse de Pierre :
Il y a deux sortes de dalles en terre dans ma maison : une chappe en terre battue dans une chambre (dont on voit une photo dans l’article "Tentation vernaculaire") et des chapes en béton et mortier de terre sous tous les sols du rez de chaussée, qui sont finis avec de la terre cuite ou du grès cérame, selon les pièces.
Les dalles en béton de terre supportant du carrelage sont très facile à faire : quand la terre est peu argileuse, comme c’est le cas chez moi, on fait sans difficulté à la bétonnière un béton de terre, mélange gravier/sable/terre (en gros, un tiers de chaque) qu’on coule et qu’on tire à la règle comme du béton de ciment. Ce béton peut être posé en rez de chaussée sur un hérisson de galets, sur un plancher en poutrelle de béton armé et marmites de terre cuite, ou même sur un plancher bois, s’il est assez solide. _ Dans notre région du sud-ouest, et sans doute un peu partout ailleurs, il était commun de voir des chambres à l’étage dont le sol était de carreaux de terre cuite posés au mortier de terre sur un chape en mortier terre/sable, elle même posée sur un plancher bois grossier.
La chape en terre qu’on voir en photo dans l’article de La Maison Ecologique est celle d’une chambre, au rez-de-chaussée. Elle fait 8 cm d’épaisseur et est posée sur une chape en béton de terre elle-même posée sur un hérisson de galets. Sur De la terre battue dans un logement neuf (Pierre Besse), vous avez un petit texte sur mon expérience de la terre battue. Vous verrez les raisons pour lesquelles j’hésite à conseiller la méthode que j’ai employée. Par contre je suis persuadé que la terre battue peut faire d’excellents sols, tant en rez de chaussée que sur des planchers bois à l’étage, mais en employant d’autres techniques.
Une de ces techniques est celle que Patrick Charmeau a retrouvé dans son Morvan natal : on fabrique hors chantier des grosses briques d’adobe (par exemple 20 x 40 x 7 cm), on les laisse sécher et on les appareille en place sur un mortier de terre, comme n’importe quel carrelage, avant de les passer à l’huile et à la cire.
Sinon je vous recommande la brochure de Athena et Bill Steen, du Canelo Project (ainsi que leur site, d’ailleurs : www.caneloproject.com) intitulée "Earthen Floors".
Il y a des contraintes certaines à utiliser la terre crue pour faire des sols, mais le jeu en vaut la chandelle.
Si vous avez d’autres questions, ou dans quelques temps un petit compte rendu de ce que vous avez fait, ce sera avec plaisir.
Bon travail
Pierre Besse
P.S. On me signale un blog qui a l’air vraiment bien, voir en fin de page un reportage illustré sur la réalisation d’une dalle en terre : http://verofrancois86.blogspot.com