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Isolation : les copeaux (été 2007)

Publié le 19 octobre 2007, mise à jour le 14 février 2013


Des questions qui reviennent souvent sur les isolants, pour toits ou murs : chanvre, laine de mouton, ouate de cellulose, feutre... ? Meilleur rapport qualité/prix, résistance aux rongeurs, à l’humidité, à la canicule, possibilité en auto-construction... ?

Alain Marcom : Ce qui serai bien ce serait quelqu’un-e qui fait un petit travail de comparatif avec coût matière, travail, taxe carbone, etc...


Pierre Besse : Ce qui serait bien aussi, c’est quelqu’un-e qui pourrait répondre à la question : comment assurer un minimum de confort d’été dans un espace habité immédiatement sous rampant ? La surchauffe en période de canicule est-elle une fatalité ? Les isolants minces sont ils efficaces sous cet aspect-là ? Gagne-t-on vraiment en confort en forçant sur l’épaisseur de l’isolant ? Y a t-il des différences sensibles de performance entre les isolants naturels sous cet aspect-là ? Et aussi à cette autre question : peut-on utiliser la paille pour isoler un toit par dessous, sans découvrir ?


Xavier Méric : La technique de mise œuvre n’est parfois pas plus compliquée pour d’autres isolants non référencés, hors normes, et le coût peut être nettement inférieur voire négligeable. Il y a un isolant que j’aime bien mettre en avant :

Copeaux de bois, qu’on pourrait par exemple classer dans les "co-produits de la transformation du bois". Le copeau nécessite un petit tassement pour rendre l’isolation homogène dans des parois étroites, mettons inférieures à 15 cm de vide à remplir. La granulométrie est variable mais on retrouve pour ces coproduits de menuiseries, de rabotteries ou de scieries qui rabotent un certain standard.

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copeaux

Dans un isolant acoustique on estime le tassement équivalent à 1/2, c’est à dire qu’on va diminuer le volume de moitié en tassant à partir du volume déversé. Pour un isolant thermique il faut bien sûr tasser le moins possible. On peut raisonnablement estimer le tassement à 1/3, ce qui donne le volume de copeaux à prévoir. Concernant un isolant vrac, de toute façon il faut pare-pluie et pare-(ou freine)vapeur.

Rongeurs : Peu d’isolants résistent aux rongeurs, laines minérales, polystyrène, etc. Mais le liège expansé oui, en principe. Son défaut : le prix. Donc on n’est pas à l’abri de voir nicher des rongeurs dans les copeaux, comme les loirs par exemple. Ceci dit, il n’y a rien à manger et ça a peu de tenue pour faire un nid.

Xylophages : Concernant les xylophages, le copeau n’est pas intéressant pour eux car les larves n’ont pas la masse de bois nécessaire pour se développer. Il peut sans doute se développer des ravageurs de l’espèce bostryche, mais globalement il y a peu d’intérêt à s’attaquer à du copeau, y compris pour le termite. Une solution pour éviter totalement les risques de parasites : sel de bore ou chaux en vrac (sèche) au moment de la mise en œuvre.

Essences de bois : La présence ou non de bois exotique est un choix personnel. Réutiliser un « déchet » n’est pas vraiment une excuse. Dans le schéma de production, ce détail n’en est pas un, au regard des responsabilités face à une éthique d’entreprise. Donc je suis pour éviter le plus possible les ressources qui incluent du bois exotique, ou du bois importé de Scandinavie. L’idéal bien sûr, mais là on est sur de l’utopie, serait d’avoir du copeau de classe de résistance 4 ou 3 en quantité importante. Mélèze, robinier, châtaignier, chêne, douglas, cyprès (rarement référencé, synthèse d’expériences longues), voire des séries de pins : pin sylvestre, pin maritime.

Nota : le mélèze devait passer en classe 4 avec robinier et chêne blanc et châtaignier. Une chose importante : pour répondre à ces classes de résistance la partie du bois raboté ne dois pas comporter d’aubier, duramen seulement. Santé : Il est impératif de mettre en œuvre le copeau avec un masque anti-poussière, particulièrement en isolation caisson par dessous (avec un genre de pelle en carton ou de pelle à neige sans le manche).

Coût : Dans certaines entreprises, on est habitué à vendre le copeau destiné à du déchet (litières pour animaux, nettoyage industriel, ou pour des usages ménagers). Les bennes sont souvent sous le cyclone d’aspiration et sont évacuées directement en camion. Bien souvent, à la campagne, les copeaux sont brûlés alors que c’est formellement interdit par la loi. Cette démarche est d’autant plus ridicule que c’est une ressource agricole très intéressante, moins que du Bois Raméal Fragmenté par exemple, mais issu de transformation de toute façon, et que la combustion est plus polluante que le compostage, lui même plus polluant que le BRF. Donc il ne faut pas payer le copeau si c’est une dépense évitée pour l’entreprise, mais le transport, le moins énergivore possible. Évidemment on peut charger soi-même dans des sacs, mais attention de les prendre rigides (sinon il faut une personne qui tienne le sac ouvert) et résistants. Les sacs de chanvre vrac sont parfaits. Dans certains cas l’entreprise peut vous donner des sacs déjà remplis aux sorties d’aspiration...

Main d’œuvre : Comme tous les isolants « alternatifs » (pour l’instant !) et en vrac, la main d’œuvre est plus importante que dans du conventionnel mécanisé. Mais dans certains cas elle est très rapide, par exemple pour des cloisons remplies par dessus. Dans le cas de cloisons ou de murs déjà couverts en haut (plafond...) montés avec des caissons de voliges, il faudra remplir progressivement. C’est le cas de la sous-toiture. Je n’ai pas de métré de cette mise en œuvre, qui est de toute façon très variable selon hauteur des chevrons ou rajout de fourrure (sur-chevron) ou pente, étage, etc. On va arrêter là pour l’instant...


Patrick Charmeau : La meilleur stratégie face aux rongeurs reste d’éviter au maximum leur pénétration : toute paroi périphérique doit être épaisse et plutôt dure (enduit de chaux d’au moins 2 cm, planche de bois massif d’au moins 4 cm d’épaisseur et bien ajustée) et les pieds des murs extérieurs de la maison doivent rester dégagés (pas de stockage de planches et matériels divers contre les murs, qui favorise la tranquillité des « mineurs »)


Karine Barrère : Je suis en train d’isoler à base de copeaux des murs (thermique) et un plancher (phonique). Dans le premier cas j’ai fait un mélange copeaux/chaux aérienne et dans l’autre copeaux/sable/chaux aérienne, mais mouillé. Dans les deux cas, j’ai quelques problèmes à résoudre liés à l’humidité du mélange. J’étais donc très intéressée quand Xavier Méric a parlé de d’ajouter de la chaux sèche. Mes questions : si la chaux sèche joue bien son rôle par rapport aux insectes, est-ce que le fait de réaliser un mélange avec de l’eau (et donc une prise type mortier) n’assure pas une meilleure tenue (au tassement) dans le temps ? Et si la réponse est non, quelle est la chaux à utiliser sèche et dans quelle proportion ?


X.M. : La contradiction principale vient du fait que d’ajouter un liant à un isolant vrac diminue son pouvoir isolant. Les bétons d’isolants ont de meilleures tenues, résistances, etc., mais je les réserve pour les parties qui jouent un rôle mécanique.

Ensuite la chaux répandue en vrac, ce n’est que des retours d’expériences que j’ai collectés, pas de précision sur la quantité, mais aérienne en principe. Ce n’est pas un « traitement » durable. Je n’ai pas encore de chiffres du genre capacité thermique mais si l’épaisseur le permet, on peut envisager de laisser tomber le déphasage d’été. En lambda on peut raisonnablement estimer un 0,05, comparable au chanvre qui contient plus de silice et donc moins de matière résistante...

Phonique : l’isolement acoustique est de deux ordres, aérien et solidien. Si tu isoles avec du copeau, tu ne remplis pas ces fonctions. La seule utilisation que tu pourrais en faire serait pour dissocier les partie de plancher en contact entre elles, les bruit solidiens. Mais il vaut mieux un isolant genre panneau, liège, etc. plus facile à gérer. Donc tu peux supprimer le copeau du sol. Pour ce qui est de l’humidité c’est autre chose. On va rester sur l’isolation et l’isolement.


P.C. : Tout à fait d’accord avec Xavier pour la diminution du lambda d’un isolant « enduit » de quelque liant que ce soit (terre, chaux, plâtre...).

Mon expérience d’isolation en vrac :

Dans les murs : A l’aide d’une bétonnière, mélange moitié-moitié à sec, de copeaux de châtaignier (plutôt petits, taille maxi 10 mm de longueur) avec du rafle de maïs broyé de provenance industrielle (Safac à Réalmont dans le Tarn) et de calibre 4-10 mm, voir photo . L’avantage est la quasi non-compressibilité du rafle de maïs. D’où un bon tassement manuel au moment de la mise en place. Et un tassement très réduit (3cm) ds le mur (vérif ultérieure) sur une hauteur de mur de 2,8 m pour une épaisseur d’isolant de 15 cm.

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isolation extérieure mélange copeaux-rafle derrière BTC
cliquez sur l’image pour agrandir

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isolant mur

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rafle de maïs broyé industriel

Dans un plancher entre rdc et étage, du bas vers le haut : lambris en sous face, papier kraft continu (soin porté aux jonctions), 3 cm de terre sèche tamisée, 7 cm de copeaux avec saupoudrage léger de chaux aérienne au final avant la pose d’un parquet cloué au dessus. Résultat : très bon amortissement phonique des bruits aériens, le montage du parquet n’ayant pu être désolidarisé de la structure porteuse, les bruits solidiens sont transmis en partie malgré le clouage à travers des bandes de liège de 4 mm (entre parquet et solives).

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isolant plancher

Dans la toiture, du bas vers le haut : des panneaux de feutre de bois dessous (plafond enduit en sous face avec de la terre), une lame d’air (épaisseur d’un liteau, support du film perspirant), un film perspirant (double papier ciré) et armé (quadrillage 1 cm x 1 cm de fil plastique fort), 35 cm de chènevotte chargée par dessous sur une structure horizontale suspendue à la charpente,

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isolation sous toiture vue de dedans

des panneaux de feutre de bois dessus, des tuiles posées sur liteaux et contre liteaux qui augmentent l’espace de ventilation sous-tuiles.

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isolation sous toiture vue de dehors

Malgré tout cela la chaleur passe quand même un peu en plein été côté sud... Par manque de ventilation sous tuiles je pense, il me faudrait augmenter le nombre de tuiles chatières, mais fort coûteuses !

D’autres témoignages ?


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  • 10 janvier 2008, par jerome

    Bonjour

    je cherche des temoignages sur l’utilisation de la rafle de maïs dans la construction des maisons.

    Merci de me transmettre vos expériences.

    jerome.bonnier@wanadoo.fr

    • Isolation : les copeaux (été 2007)
      3 novembre 2009, par laurent

      il est peut être un peu tard pour répondre, mais j’ai fait mon isolation au printemps 2009. j’avais déjà (des tuiles vers l’intérieur) : 4cm de lame d’air 21mm de laine de bois bitumé 10cm de laine de chanvre en rouleaux.

      c’était insuffisant mais je n’avait plus de quoi payer 20cm de chanvre supplémentaires. j’ai donc mis de la rafle (gratuite), versée entre le chanvre et le plafond placo. la mise en oeuvre est pénible (une semaine ou deux seul pour placo et rafle sur 40m² sous rampant) je n’ai pas pris le temps de cribler soigneusement, il reste donc quelques grains de maïs. c’est un toit 2ème étage (faitage 11m) mais ça n’empèche pas les rongeurs de venir. la seule solution que j’ai c’est la mort au rats placée régulièrement un peu partout dans la maison. l’isolation du reste de la maison n’est pas finie (grosse rénovation) mais j’ai 32cm d’isolant suffisemment dense pour été et hiver. je pense que l’idéal pour la rafle c’est l’isolation par en haut (pendant la rénovation de la toiture) en caissons avec un mélange mortier de chaux/rafle.

      je continue mes travaux d’isolation avec des copeaux de bois (gratuit chez un ébéniste) en vrac. bonne continuation !

  • 17 février 2009, par Beaah
    France Copeaux propose des balles de copeaux compressé de meme type d’essence de bois comme du meleze, douglass, et à des prix top. Livré chez vous sur palettes.
    • Isolation : les copeaux (été 2007)
      20 octobre 2011, par xavier

      Menuiserie propose des bennes de copeaux non transformés une deuxième fois, gratuites, livrées à des prix top. Restons raisonnables pour une fois... ne perdons pas le sens des choses.

      x.m

      • Isolation : les copeaux (été 2007)
        30 août 2012, par yves

        bonjour,

        je souhaite refaire une isolation de combles perdus. La maison a 30 ans et est isolée avec de la laine de verre soufflée sur le placo. J’ai plusieurs questions : puis-je utiliser les copeaux ? dois-je enlever la laine de verre ou bien puis-je la recouvrir de copeaux ? Si je veux avoir un R de 7, avec un lambda de 0.05, il me faudrait une épaisseur de 35 cm de copeaux. Le placo supportera t-il le poids ? et enfin, si je ne peux utiliser le copeau, quel matériau me conseillez vous ? d’avance merci à tous pour vos réponses,

        Yves,

        • Isolation : les copeaux (été 2007)
          14 février 2013, par Patrick Charmeau

          Bonjour

          Il serait sans doute préférable d’éliminer la laine de verre soufflée qui doit être bien tassée depuis le temps ... Par contre, il faut vous munir d’un très bon masque à poussière avec cartouche, ainsi que de bonnes lunettes, type plongée !

          Placer 35 cm de copeaux sur du placo vous assure d’un effondrement du placo ! il vous faudra replacer un bon lambris ou une volige sur la structure qui soutient le placo (poutres-solives-chevrons ...) et verser les copeaux sur cette surface, afin que le placo ne reçoive pas cette charge.

          C’est le principe de ce que j’ai fait dans ma toiture et que l’on aperçoit dans l’article sur la photo intitulée "isolation sous toiture vue de dedans" : l’isolant est supporté par le film pare-vapeur qui s’appuie lui-même sur les liteaux sous-lesquels sont placées les plaques du plafond (feutre de bois)

          Bon courage et merci de partager les résultats de vos expériences (le modèle de FEO est disponible là : http://www.areso.asso.fr/spip.php ?article516)

  • 10 juin 2011, par Brett
    J’ai refais des murs Dun mas provençal a l’origine en terre... Avec un enduit de chaux sable et plâtre, avec une bonne quantité de copeau de bois. Ça ma permis de faire un enduit de 5 cm. C’est absolument nickel. En même temps je n’ai pas de comparatif avec un isolant classique, mais il reste très chaud et sain. Mais aussi les murs font 60cm a l’origine... Je travaille sur une version allégé contenant plus d’air et moins de sable, a base de plâtre, sable et bois, mais battu dans une machine un peu comme la chantilly. Léger, avec plus d’air, donc plus rentable et plus isolant. Brett.wilde@laposte.net si vous voulez en parler.
    • Isolation : les copeaux (été 2007)
      24 octobre 2012, par boss
      quelles sont les proportion que tu as utilisé pour ton mélange. Merci car je compte faire toute ma maison comme celà
  • 23 octobre 2012, par christaub
    Bonjour, j’ai été très attentif a votre article, je rénove une vieille maison en tuffeau avec des murs de faibles épaisseurs et je n’ai pas le choix que de les isoler de l’intérieur. La solution copeau m’intéresse, mais je me pose la question du mode d’utilisation des copeaux mélangés à de la rafle de maïs en vrac et à sec : est- il possible de le déverser dans des coffrage en lambris de 25 cm de profondeurs directement contre les murs en tuffeau, est ce que ça ne pose des problèmes d’humidités ? ou d’autres.... J’ai trouvé très peu d’information sur l’isolation copeau de bois en vrac, toutes vos appréciation seront les biens venues. Merci
    • Isolation : les copeaux (été 2007)
      14 février 2013, par Patrick Charmeau

      Bonjour

      Techniquement votre projet ne pose pas de problème de réalisation.

      Il faut par contre, effectivement être certain que de l’eau ne pourra pas pénétrer dans cet isolant, que ce soit en provenance du mur ou du soubassement. Ceux-ci sont-ils sains ? Y a-t-il un bon drainage périphérique, qui est le système de base pour se prémunir de ces désordres ? et non pas des imperméabilisations qui ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois. Y a-t-il des avancées de toiture réduisant les pluies battantes ? notamment sur les murs de tuffeau, qui ne sont pas particulièrement étanches, il me semble.

      Quelque soit l’essence de bois, les copeaux ne seront jamais résistants à long terme à l’humidité.

      Bref à vous de voir ... ou à faire voir à un professionnel compétent.

  • 18 février 2015, par philippe Antiphon
    Bonjour, je trouve votre article très intéressant, et laissant encore beaucoup de questions à l’auto constructeur que je suis, à la recherche d’un isolant toiture éco-nomique et -logique. avec 8 ans de recul, quel est votre sentiment et/ou votre retour d’expérience ? Je trouve aussi très attirant la rafle de maïs. Son mélange avec le copeau apporte t il quelque chose ? La protection été est elle suffisante ? Il me paraît compliqué de mettre en oeuvre un mélange avec de la terre ou de la chaux, à cause de la gestion de l’humidité. Sans doute êtes vous passé à d’autres sujets, mais merci de me répondre pour me donner quelques pistes de ressources . Cordialement
  • 13 juin 2015, par françois
    Bonjour je cherche des informations sur le béton de copeaux de bois pour faire un banchage sur de la paille sur une épaisseur de 15cm à base de chaux. Si vous avez des retours d’expériences Merci François
  • 25 septembre 2015, par Olivier le charpentier

    Bonjour,

    Avez-vous des retours positifs sur l’isolation en liège pour la construction de maison en bois ?

    Si oui pouvez-vous me contacter ici