Étude d’impact des techniques et des matériaux de rénovation sur les murs en pans de bois
Thèse présentée à Londres en janvier 2010 par Hans Valkhoff (University of East London)
Suite au Grenelle de l’Environnement le gouvernement français a mis en place un programme de réhabilitation du bâtiment existant dont l’objectif est d’économiser l’énergie par l’isolation thermique des logements. Ce programme aura un effet considérable sur la réhabilitation des bâtiments anciens (avant 1948) et également sur la rénovation et la restauration des maisons en pans de bois. Celles-ci font partie d’un patrimoine architectural fragile mais sont encore très répandues dans les centres villes de certaines régions de France, comme le Sud-Ouest, l’Alsace, le Centre et la Normandie.
L’étude se focalise sur les maisons en pans de bois dans le Sud-Ouest de la France, avec des hourdis en brique ou torchis, elle évalue l’impact environnemental de la réhabilitation et de l’isolation des façades et des parois extérieures. L’étude de l’impact environnemental est faite avec le logiciel COCON (2009) qui intègre plusieurs bases de données (INIES, ECOBILAN, …) pour l’analyse de cycle de vie (ACV) des matériaux. L’impact environnemental des parois est calculé en fonction de trois paramètres qui mesurent l’énergie grise, le bilan carbone, et l’épuisement des ressources. COCON permet aussi d’analyser les aspects physiques du bâtiment à partir des paramètres pour la résistance thermique et pour l’inertie thermique. Afin de pouvoir comparer les parois, la résistance thermique (R) est fixée à environ 2,7 m2K/W, ce qui correspond à un objectif de type RT-2005 pour la rénovation. Pour chacune des 20 parois incluses dans l’étude, COCON calcule une note globale prenant en compte les six paramètres. La sélection des 20 parois, avec leurs différentes techniques et matériaux d’isolation, est basée sur les interviews d’artisans, d’ architectes et d’ experts en construction.
L’étude d’impact sur l’isolation thermique des 20 parois en pans de bois montre que les techniques ‘conventionnelles’ d’isolation thermique intérieure, souvent en plaques de plâtre et laine minérale, donnent de mauvais résultats. Les meilleures notes sont obtenues par les parois avec isolation extérieure, qui garantit une plus grande inertie thermique. La paroi isolée à l’extérieur avec du feutre de bois obtient la meilleure note, grâce à une faible énergie grise et une bonne inertie thermique. Néanmoins, dans beaucoup de cas, l’isolation extérieure des maisons en pans de bois n’est pas souhaitée pour des raisons de conservation et d’esthétique. La majorité des personnes interrogées considèrent que la priorité est de sauvegarder la façade typique, dite Toulousaine, avec les briques (ou le torchis) et le bois apparent.
Plusieurs types de parois avec une isolation intérieure naturelle faite de fibres végétales (ex. terre-paille) donnent aussi de bons résultats. Ces matières sont très bien adaptées à des matériaux anciens comme le torchis et le bois. Elles sont une bonne solution quand l’isolation extérieure n’est pas souhaitée pour des raisons d’esthétique. Cependant, il y a des techniques dites écoloqiques qui ne donnent pas de bons résultats dans l’analyse d’impact. Notamment les bétons en chaux-chanvre et les briques isolantes de type Monomur, dont l’énergie incorporée (énergie grise) est importante.
Les interviews confirment que beaucoup d’artisans ne sont pas spécialisés dans la restauration de ces types de bâtiments. Souvent, ils n’ont pas les compétences nécessaires pour choisir les bonnes techniques et les matériaux d’isolation. On note aussi un manque de données techniques et scientifiques sur les matériaux écologiques. Cependant, un consensus professionnel et scientifique s’établit sur le fait que les matériaux naturels et ‘perspirants’ sont à la fois meilleurs pour l’environnement, le bâtiment, et pour l’occupant. D’autres études seront nécessaires pour démontrer que les techniques conventionnelles d’isolation ne sont pas du tout adaptées à la réhabilitation des maisons en pans de bois et souvent, même, les mettent en danger. Ce constat est valable pour la réhabilitation de plusieurs types de maisons anciennes construites avec des matériaux locaux, naturels et ‘perspirants’.