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En Pommel 03 : Toit - Isolation en bottes de paille

Publié le 27 octobre 2005, mise à jour le 12 janvier 2011
par Luc Floissac
Le toit du bâtiment a été intégralement isolé en bottes de paille.

La structure de la charpente de l’extension de notre bâtiment est de type poteaux-poutres avec 3 fermes (voir En Pommel 02 : Contruction et pose des fermes et poteaux).

Nous avons choisi cette solution pour les raison suivantes :

  • Esthétique
  • Obtention de grands volumes.

Par ailleurs, pour cette salle de danse nous nous sommes fixés les contraintes suivantes :

  • Respect de la morphologie du bâtiment existant. Il est donc exclu de réaliser un toit plus haut que celui de la maison.
  • Hauteur aussi importante que possible (afin de pouvoir réaliser des sauts).
  • Bonne isolation afin de limiter les besoins en chauffage.
  • Conception bioclimatique afin de bénéficier des apports solaires hivernaux (vitrages sud = 750 W / m² les jours de soleil) tout en se protégeant l’été (avancée de toiture au sud).

Nous avons cherché à poser les 40 cm d’isolation sans augmenter la hauteur de toit et en conservant une hauteur sous plafond aussi importante que possible.

Ceci introduit des complications car il faudra poser les bottes de paille entre les pannes (et non au dessus comme cela aurait été possible).

Les pannes font 0,1 x 0,3 x 3,5 m. Elles sont posées tous les 2,5 m environ. Un complexe formé d’un assemblage de chevrons et sous chevrons permet de former des caissons de 0,4 x 0,5 x 2,5 m. Ils sont destinés à recevoir les bottes de paille. Les chevrons sont constitués de planches de 0,20 x 0,03 x 5 m et posés tout les 50 cm. Ils sont entaillés au droit des pannes de manière à gagner 10 cm de hauteur. Un liteau est cloué sur la panne sous les chevrons afin de leur permettre de porter sur les 20 cm de bois.

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Chevrons

Des « sous chevrons » constitués de planches de 0,20 x 0,03 x 2,5 m sont posés 10 cm sous les chevrons. Ils sont reliés aux chevrons par des bandes d’OSB de 0,1 x 0,018 x 0,30 m visées verticalement entre les deux. Ces sous chevrons reposent eux aussi sur un liteau cloué sur panne. NB : Cet ensemble chevron - sous chevrons aurait pu être remplacé par des chevrons uniques de 40 cm de hauteur.

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Chevrons vue de dessous
On notera les plaques d’OSB qui solidarisent chevrons et sous-chevrons. Ceci permet d’obtenir les 40 cm de hauteur nécessaires pour enfermer une botte de paille.

Les gaines électriques sont passées dans la charpente.

Un papier kraft est agrafé aux sous chevrons. Il fait office de pare poussière. Des voliges de pin douglas de 0,14 x 0,015 x 3,5 m sont clouées au pistolet pneumatique sous les sous chevrons.

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Clouage des voliges
Franck est aux commandes avec son pistolet !
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Voliges et papier kraft
Un papier kraft est agrafé sous les chevrons. Des voliges sont clouées par dessous.

Les voliges forment à la fois le fond des caissons et l’élément de finition du plafond.

La partie inférieure des bottes de paille est enduite d’une couche de 0,5 cm de plâtre à prise lente. Cette couche de plâtre peut avoir un rôle anti-feu.

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Bottes platrées
La face inférieure des bottes est platrée avant la pose (pour un rôle anti feu).

On monte les bottes sur le toit. Le rythme de pose est d’environ 50 m² par jour (à 3 personnes).

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Xavier monte les bottes.
Un bel escalier en bottes de paille !

Les bottes de paille sont enfilées à force dans les caissons. On démarre par le bas en progressant vers le haut. Si nécessaire, certaines bottes sont retaillées à la tronçonneuse.

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Caissons à bottes

La taille des bottes est en sortie de presse agricole de 0,35 m de haut pour 0,45 cm de large. Leur longueur varie entre 0,9 et 1,1 m. Les bottes entrent assez facilement dans les caissons de 0,47 m de large (0,5 m d’entre axe pour 3 cm d’épaisseur). Si nécessaire les trous sont bouchés avec des morceaux de bottes. Chaque fois que cela est possible les morceaux de bottes sont placés avant la botte elle même.

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Bottes en cours de pose

Une entretoise de 0,20 x 0,03 x 0,47 m est clouée entre les chevrons après mise en place d’une botte. Elle permettra d’éviter le « flambage.

Le mur de refend (en adobes) de la maison est isolé grâce à une arase de tiges de tournesol broyées et de chaux.

Isolation du mur de refend Murs de renfend

Les ficelles des bottes de paille sont coupées afin de laisser les bottes prendre tout l’espace disponible.Un panneau pare pluie en feutre de bois (type ISOROOF, GUTEX...) est cloué sur les chevrons. Il permet d’enfermer les bottes de paille et complète l’isolation (absence totale de courants d’air) tout en laissant passer la vapeur d’eau.

NB : Il aurait été plus prudent d’enduire la face supérieure des bottes avant de fermer les caissons afin de ne pas prendre de risques en cas d’incendie. Une simple couche de terre, de platre ou de chaux aurait fait cela sans générer beaucoup de travail.

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Panneaux pare pluie
Les panneaux de feutre de bois sont posés sur les chevrons. Ils ferment les caissons remplis en bottes de paille.

L’isolation obtenue a une épaisseur de 40 cm environ.

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Vue toit en coupe

Les tuiles sont posées sur les liteaux (liteaux + contre liteaux).

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Liteaux sur pare pluie
Liteaux et contre-liteaux sont cloués sur le pare pluie.

Retour d’expérience

L’utilisation de bottes de paille pour la réalisation de l’isolation d’un toit a été agréable à réaliser.

La technique d’isolation par le dessus (on procède de bas en haut) présente l’avantage de faciliter la mise en place de l’isolant et de garantir une grande qualité dans le traitement des ponts thermiques.

En revanche ceci implique de laisser à découvert le chantier tant que le pare pluie n’a pas été posé. Il est donc indispensable de bacher le chantier. Nous avons utilisé pour cela une bache agricole fixée par des liteaux cloués (en laisant les têtes de clous dépasser pour faciliter le démontage) qui s’est avérée très solide. La bache agricole n’est pas très chère (moins de 100 € pour un rectangle de 12 * 10 mètres).

La pose des bottes entre pannes nous a permis d’obtenir le maximum de hauteur libre dans le bâtiment mais au prix d’un doublement de travail de pose des chevrons. Ceci pourrait sans doute être réalisé plus simplement en préfabriquant au sol des chevrons.

La pose des bottes est relativement facile lorsque les caissons sont bien dimensionnés. Nous avons parfois été géné par nos plaques d’OSB qui relaient les chevrons et sous chevrons. Ceci pourrait être évité par une conception plus astucieuse.

Les panneaux de feutre de bois permettent de terminer proprement et facilement la toiture. On aurait préféré des panneaux plus rigides et moins fragiles que ceux que nous avons utilisé.

La pose d’une couverture à sec gràce à des tuiles dédiée est onéreuse mais facile et rapide.


Rendement :

- Pose des chevrons et sous chevrons (y compris sciage, entailles, plaques OSB, clouage, liteaux de renfort) : 235 m linéaire en 120 heures soit environ 2 chevrons / heure / personne ! C’est très long, il est clair qu’il y a là du temps à gagner...

- Pose papier kraft et voliges (avec pistolet à clous et échaffaudage roulant) : 30 m² / jour / à 2 personnes

- Bachage (sur les chevrons en place) : 50 m² en 1 h à 2 personnes.

- Platrage des bottes (y compris approvisonnement bottes à 1km avec un fourgon, gachâge du platre) : 4 bottes / heure / personne.

- Pose des bottes en isolation (travail très physique) : 50 m² / jour / 3 personnes

- Pose des tuiles avec monte matériaux(travail très physique). 100 m² / jour / 3 personnes

- Pose faîtage et accessoires divers :

- Réalisation chevêtre pour conduit de cheminée :


Prix 2006

Papier kraft : 0,42 € TTC / m²

Chevrons en douglas : 1,12 m3 à 382 € TTC / m3

Voliges:4,54 € TTC / m²

Pare pluie en feutre de bois : 9,5 € TTC / m²

Bottes de paille : 1€ / pièce soit 2€ / m²


Liens Voir une approche différente très intéressante sur http://www.ecopanneaux.com/galerie/martin/



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