Les murs du bâtiments sont majoritairement constitués de bottes de paille. Dans les zones difficiles d’accès ou complexes à mettre en œuvre nous avons réalisé des remplissages de terre-paille.
Il s’agit donc de remplir des coffrages à partir d’un mélange de terre et de paille qui va progressivement sécher à l’air.
Préalables :
Le mélange de terre et de paille n’est ni porteur, ni auto porteur. Il faut donc l’armer avec une ossature.
Nous avons réalisé cela en clouant / vissant des tasseaux dans l’épaisseur du mur.
Le terre-paille doit être banché, il faut donc préparer des coffrages à l’aide de planches ou de panneaux de bois. Cette opération est longue et fastidieuse.
Des planches servent de coffrage.On procède par tranche de 50 cm de haut maximum
Au fur et à mesure de la progression vers le haut on ajoute des planches.
Préparation du mélange terre-paille :
Le mélange terre-paille est réalisé à partir :
de paille en bon état (bien jaune).
de barbotine de terre.
La proportion de terre doit être faible pour conserver le pouvoir isolant de la paille (5 à 10 % en volume). On considère généralement qu’il faut un mélange de type salade (la paille) / vinaigrette (la barbotine). Il faut donc que l’ensemble des brins de paille soient humidifiés et gainés de barbotine mais en aucun cas noyés dans la terre.
Nous avons réalisé le mélange avec notre malaxeur artisanal qui permet d’avoir un excellent rendement sans se fatiguer !
Mise en œuvre : Le terre-paille a été utilisé directement sans attendre. Certains préconisent de le laisser en tas sous une bâche pendant 24 h afin d’assouplir la paille. Nous n’avons pas remarqué que ceci soit nécessaire.
Dans le doute on peut si on le désire laisser le terre-paille dans ses banches pendant 24h (ce qui revient au même que le laisser en tas mais avec une étape de moins).
Dans tous les cas, il faut bien avoir en tête que la seule chose qui sèche ce mélange est l’air, il ne faut donc pas prolonger cela trop longtemps sous peine de faire pourrir la paille ! Il est donc préférable de mettre en œuvre cette technique au printemps ou en été (nous l’avons fait en automne...).
Le terre-paille est tassé entre les banches à coup de manche de pioche (sans forcer inutilement). On réalise cette opération par tranches de 50 cm de haut maximum. Chaque fois que cela est possible on fait passer des "nattes" de terre-paille autour des ossatures afin d’éviter de futurs affaissements.
Au fur et mesure de la progression vers le haut, on peut enlever les banches inférieures sans risquer d’écroulement et les réutiliser au dessus.
Le temps de séchage de ce mélange est variable selon les conditions atmosphériques. On peut l’estimer au minimum à 1 mois en été et beaucoup plus en hiver. On verra apparaitre des montées de blé sur le mur qui finiront par mourir par manque d’eau.
Finitions : Comme pour les bottes de paille il faudra réaliser des enduits de terre ou de terre/chaux afin de protéger durablement les murs en terre-paille.
Retour d’expérience : La préparation de la barbotine est une opération lourde (au sens propre et au figuré). La réalisation des coffrages est longue et fastidieuse. La manipulation du terre-paille et son tassement sont relativement physiques.
Au total, je conseille de limiter le recours à cette technique qui est longue et fatigante. Il faut à mon avis lui préférer la construction en bottes de paille qui est nettement plus rapide et agréable.
Rendement : Le rendement de mise en œuvre de ce mélange est principalement guidé par le degré de complexité des espaces à remplir.
A 2 personnes, nous estimons ce rendement à 12 h / m3 (y compris la préparation des coffrages et de la barbotine).
Un rapide calcul donne donc les chiffres suivants :
Surface : 0,1 m² / h / personne (avec 40 cm d’épaisseur)
Volume : 0,25 m3 / h / personne
Il est indispensable d’être à 2 ou mieux à 3 ou 4 personnes pour réaliser ce type d’opération.
Recommandations : Lorsque cela est possible, il est préférable de réaliser la barbotine à l’avance et de la stocker dans des récipients afin de ne pas occasionner de rupture dans la chaine d’approvisionnement. En effet, avec un malaxeur, la production de mélange est extrêmement rapide.
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