Notre maison est une ferme bâtie :
Le plancher entre le RDC et le grenier est en pin, les chevrons en sapin, les poutres porteuses en peuplier.
Dans les années 1950, la maison a sans douté été rénovée. Des enduits de ciment ont été appliqués à l’intérieur et à l’extérieur. Une peinture au plomb a été passée à l’intérieur.
En 1988, notre cuisine et notre salle de séjour ont été rénovés de la manière la plus conventionelle en plaques de plâtre / rails métalliques avec isolation intérieure en laine de verre et polystyrène.
20 ans après, le résultat n’est pas brillant :
Conclusion : il est urgent de changer cela et de retrouver du plaisir à habiter une maison.
Après avoir brièvement envisagé de se contenter de sabler les boiseries et de remplacer les plaques de plâtre par des enduits nous avons décidé de faire les choses sérieusement ! Les travaux planifiés sont donc les suivants :
Nous nous sommes efforcés de réaliser une opération qui va permettre de récupérer le maximum de matériaux... Nous allons voir que c’est plus faile à dire qu’à faire !
Les doublages :
La démolition de doublages de plaques de plâtre vissées sur des rails métalliques est un vrai gachis. Il faut arracher les plaques, les casser... elles sont mûres pour la poubelle ! Les rails metalliques sont généralement tordus par la démolition des plaques. Ils sont eux aussi majoritairement murs pour la poubelle !
Les panneaux de laine de verre sont imprégnés d’humidité lorsqu’ils sont à moins de 50 cm du sol.
Les panneaux de laine de verre et les plaques de polystyrène sont traversés de galeries creusées par les rongeurs qui semblent sé délecter avec ces matériaux.
Protégés d’un masque, nous avons retirés ces matériaux avec dégout. Tout cela est parti à la poubelle, quel gachis !
Le plan de travail de la cuisine
L’évier collé au sillicone sur un carrelage collé à une plaque d’aggloméré marine (en cours de pourissement) a été cassé lors de son démontage. Direction poubelle...
Les carreaux de faience collés au ciment-colle n’ont pu être détachés, destination poubelle...
Le réseau électrique
La majorité du réseau électrique, des prises de courant et des interrupteurs ont été démontés sans difficultés. Seules les boîtes destinés à être encastrées dans un doublage partirons...à la poubelle...
Le plancher et les poutres entre le RDC et le grenier
Bons petits soldats, nous avions soigneusement imprégnés nos bois anciens de lasures anti xylophages.
Le traitement chimique n’a pas arrêté ces chères bestioles qui ont grignoté notre vieux plancher en pin. En revanche, nous l’avons respiré pendant quelques années et il est inenvisageable de brûler tout ce bois dans le poele. Il va donc partir... à la poubelle...
Les vieux chevrons en sapin qui avaient étés lasurés et paints ont été rabotés malgré la présence de restes de clous. Nous y avons abimé 2 paires de lames pour rabot électrique afin d’avoir la satisfaction de revoir du vrai bois, ancien de surcroit et moucheté de piqures de vers qui n’ont en rien entamé sa solidité.
Les trois poutres qui portent le plancher suscitaient notre inquiétude depuis longtemps. Piquées par les vrillettes elles semblaitent en mauvais état. Nous les avons donc tronçonnées et démontées à l’aide de palans.
Et là surprise :
Contrairement aux apparences, les insectes n’ont pas entamé en profondeur le bois. Une fois l’aubier passé celui-ci est très convenable.
En revanche, 2 des 3 poutres sont totalement bouffées à l’une de leur extrémité :
Compte tenu de la nouvelle configuration de la cuisine, une des poutres a pu être raccourcie. Rabotée, elle a été remise en place (sur le mur extérieur là où elle a posé problème). A titre de précaution, nous l’avons entouré de plaques de liège afin de mieux l’isoler mais surtout elle sera désormais derrière une isolation extérieure (et donc a priori protégée du risque d’atteinte du point de rosée).
Les doublages sont de formidables cache-misère et de véritables autoroutes à souris... Les abattres pour ne pas les remplacer est un véritable soulagement.
L’isolation intérieure couplée à des enduits de ciment à l’extérieur a provoqué et amplifié les désordres. Le mélange très douteux entre un bâti ancien et des matériaux conventionnels est esthétiquement discutable et constructivement proche de l’absurdité.
Le bilan environnemental de cette opération est lamentable : Ce sont environ 25 m3 de matériaux que nous avons amené à la déchetterie !
les enduits ciments peints au plomb sont partis à la déchetterie rayon "gravats".
les enduits de ciments non peint empierreront notre chemin.
les pierres et briques de démolition ont été triés. Les meilleures seront réutilisées dans la construction, les autres cassées à la masse empierreront notre chemin.
les adobes sont stockées. Elles seront plongées dans l’eau pour être fondues et seront directment utilisées pour faire les enduits de finition (la terre qui les constitue est déjà tamisée).
la totalité du doublage est parti à la déchetterie :
Les bois
Durée :
1 journée de démolition à 3 personnes.
1/4 journée à la déchetterie à 2 personnes.
Que deviennent les matériaux ?
Les personnes qui travaillent dans les déchetteries font leur travail très sérieusement. Malheureusement, lorsque les déchets leur arrive il est pour l’essentiel trop tard, la pollution a été produite, il faut donc se débrouiller avec !
La vue de ce gachis amène à se poser des questions.
En effet, il semble difficilement concevable de mettre à la poubelle des matériaux mis en oeuvre seulement 20 ans auparavant. Pourtant c’est ce que nous faisons tous ou presque !
Commes d’autres nous nous sommes efforcés de prendre en compte les leçons de nos erreurs pour essayer de faire mieux en :
Bien sûr, nous n’atteindrons pas la perfection mais il est possible et facile de faire mieux qu’aujourd’hui en ayant en plus la satisfation :
de dépenser moins.
de vivre dans un environnement plus sain.
de favoriser l’économie locale.
d’avoir des bâtiments plus beaux et moins impersonnels que la production conventionelle contemporainne.